Le travail d’Elijah Goerzen en tant qu’agriculteur évoque le passé. Sa ferme Deep Roots Farm, située à Maple Ridge, en Colombie-Britannique, est petite par rapport aux normes agricoles Canadiennes modernes. La parcelle de huit acres près de Vancouver est travaillée à la main plutôt qu’à la machine, ce qui donne un sol sain et riche en nutriments, propice à la culture des légumes et à la prolifération d’organismes bénéfiques, tels que les vers de terre.
Goerzen n’utilise pas de pesticides toxiques ni d’engrais chimiques pour ses cultures traditionnelles de laitues, de micro-pousses, et de légumes. Il choisit plutôt de favoriser la biodiversité en plantant des fleurs entre ses choux frisés afin d’attirer les coccinelles affamées qui contrôlent les infestations de pucerons ou de servir de balises pour les pollinisateurs qui propagent les poivrons.
L’avenir de l’agriculture ?
En réalité, les méthodes d’agriculture régénérative qu’il utilise pour tirer le meilleur parti de son sol à chaque saison sont considérées par certains comme l’avenir de l’agriculture.
Elles sont également bénéfiques pour la planète. Contrairement à l’agriculture conventionnelle, l’agriculture régénérative repose sur l’exploitation du pouvoir des processus naturels pour produire des aliments, plutôt que sur leur domination par des intrants et des interventions humains.
Le ciel est la limite
Vision Greens, une ferme verticale située à Welland, en Ontario, lui donne raison. Installée dans une ville industrielle du sud de l’Ontario, à la limite de la zone de culture des fruits tendres de Niagara, Vision Greens mise sur la croissance verticale plutôt que horizontale pour aider à répondre à la demande alimentaire qui, selon les projections de l’ONU, devrait augmenter de 60 pour cent d’ici 2050.
Elle bouleverse le marché de la laitue importée grâce à son agriculture en environnement contrôlé qui allie production alimentaire continue et durabilité.
Le siège social de Vision Greens, situé dans un parc industriel, est rempli de tours de plateaux hydroponiques chargés de graines biologiques cultivées par un système contrôlé par ordinateur qui régule l’éclairage LED, les nutriments organiques, la filtration de l’eau par osmose inverse, le débit d’air, et les niveaux de dioxyde de carbone afin de répondre aux besoins des cultures. Le résultat: une laitue parfaite et riche en nutriments, récoltée tous les 26 jours, en hiver, au printemps, en été, ou en automne.
Ces cultures sont parfaites car elles ne sont pas exposées aux insectes, aux maladies, ou aux fluctuations climatiques, ce qui élimine le besoin de pulvérisation.
Les récoltes sont livrées à un entrepôt situé à 76 km, souvent le jour même de leur cueillette. En revanche, la plupart des romaines conventionnelles et biologiques vendues ici doivent parcourir plus de 4,300 km depuis la vallée de Salinas en Californie, où les conditions de culture et de transport varient et rendent les produits vulnérables à une contamination bactérienne dangereuse.
De par la nature même de leurs méthodes de production et de transport, les laitues Vision Greens n’auront jamais à être retirées des rayons des magasins pour des raisons de sécurité. Et avec des projets de construction d’exploitations agricoles verticales d’un acre ailleurs au Canada, qui ont une densité de culture 60 fois supérieure et un rendement 135 fois plus élevé que la laitue de plein champ, l’entreprise est en passe de jouer un rôle aussi important que Deep Roots Farm dans la mise en place de systèmes alimentaires locaux sûrs.
Par Tiffany Mayer